AHI Architectural Heritage Intervention

« Contribuer à la revalorisation du patrimoine pour l’avenir de l’architecture du XXI e siècle : telle est notre raison d’être. Mettre l’accent sur une vision plurielle, riche et forcément complémentaire à la pratique de l’intervention est notre mission. Une mission à mener à travers un travail de réflexion et de planification : tel est le vrai défi ». 

Lancé et mené depuis 2011 par Ramon Calonge, Oriol Cusidó, Marc Manzano et Jordi Portal –architectes membres de l’Association des Architectes pour la Défense et l’Intervention sur le Patrimoine Architectural (AADIPA) –, ce projet est progressivement devenu une plateforme qui englobe quatre actions à la fois indépendantes et transversales.

Le Prix Européen, un concours biennal qui est devenu un catalyseur et une fenêtre ouverte sur la pluralité de visions que propose le domaine de l’intervention en Europe.

La Biennale Internationale, le cadre dans lequel les interventions de qualité sur le patrimoine architectural de pays non-européens sont contrastées et approfondies.

Les Archives numériques, une fenêtre vivante, ouverte sur les interventions liées à la mémoire de notre entourage. 

Le Forum, un lieu de rencontre et de débat sur les principales inquiétudes et lignes de pensée de l’intervention sur le patrimoine architectural en Europe.

Délibération du jury 2021

Délibération du jury 2021

Le 01 juillet 2021

Barcelone, le 16 juin 2021

Sont réunis au siège de l’Ordre des architectes de Catalogne, à Barcelone (Plaça Nova, 5), les membres des jurys des quatre catégories du Prix Européen d’Intervention sur le Patrimoine Architectural, à savoir :

Catégorie A (Intervention sur le patrimoine bâti)
António Jorge Fontes. Architecte. Portugal
David Lorente. Architecte. Espagne
Marco Antonio Garcés. Architecte. Espagne
 
Catégorie B (Espaces extérieurs)
Delphine Péters. Architecte, Belgique*
Olga Felip. Architecte. Espagne*
Isabel Aguirre. Architecte. Espagne
 
Catégorie C (Planification urbanistique)
Sascha Wienecke. Architecte. Allemagne*
Sebastià Jornet. Architecte. Espagne*
Joaquín Pérez-Goicoechea. Architecte. Espagne
 
Catégorie D (Divulgation)
Peter Cachola. Architecte. Allemagne
Laida Memba. Architecte. Espagne
Joan Olona. Architecte. Espagne
 
Par ailleurs, l’architecte belge Francis Metzger qui, avec les membres du comité de direction du Prix –Ramon Calonge, Oriol Cusidó, Marc Manzano et Jordi Portal–, fera partie du jury chargé de choisir le Prix Spécial Restauration. 
*Dans le cas des membres du jury Delphine Péters, Olga Felip, Sascha Wienecke et Sebastià Jornet, la participation est télématique.
 
CONSIDÉRATIONS PRÉALABLES
Tout au long du mois de mai, le jury a étudié, évalué et analysé la documentation des 294 candidatures présentées (202 dans la catégorie A, 49 dans la B, 14 dans la C et 29 dans la D) conformément aux critères fixés par le règlement du concours. 
 Sur base de cette première évaluation, le jury s’est réuni de manière télématique pour présélectionner 16 et 10 travaux des catégories A et B, respectivement, qui ont été annoncés le 20 mai 2021. Les finalistes et les lauréats des deux catégories seront décidés aujourd’hui. Concernant les Catégories C et D, les finalistes sont les propositions ayant reçu le ponctuation la plus élevée conformément aux critères et aux points fixés par le règlement du Prix. Le classement de cette première évaluation ne détermine pas le lauréat. 
Pour les catégories A, B et D du Prix, au vu de la participation élevée et de la qualité des propositions, le jury a fixé le nombre de finalistes à 5 (lauréat compris). Pour la catégorie C, conformément au règlement, le nombre de finalistes est de 4 projets. Enfin, concernant le Prix Spécial Restauration, considérant le niveau élevé des interventions et la diversité des opinions et critères, il a été décidé de distinguer 2 œuvres. 
 
SÉLECTIONNÉS
Pour la Catégorie A (Intervention sur le patrimoine bâti), les œuvres sélectionnées sur base des premières évaluations réalisées ont été les 16 projets suivants : 
         
Pour la Catégorie B (Espaces extérieurs), les œuvres sélectionnées à la suite des premières évaluations effectuées ont été les 10 projets suivants : 
 
FINALISTES
Pour la Catégorie A (Intervention sur le patrimoine bâti), après une analyse profonde et de longues discussions concernant les 16 œuvres sélectionnées, les finalistes sont les cinq candidatures suivantes : 
 
Après avoir analysé les 202 propositions de la catégorie, le jury constate le niveau élevé 
de nombreuses propositions présentées ainsi que la difficulté d’identifier les meilleures propositions, vu la grande diversité des projets, les conditions, les clients, etc. Au terme d’un débat intense, les membres ont identifié cinq projets saillants qui incarnent et représentent différentes manières de faire face à l’intervention sur le patrimoine : 
 
Tout d’abord, le projet Brasserie Gallia, de Maxime Jansens Architecture et Erwan Bonduelle Architecture, se démarque au sein d’un groupe d’œuvres qui représentent la dimension domestique : architecture humble, succincte, sobre, réversible et ingénieuse ; concept de durabilité bien défini qui, à travers l’usage et l’activité, suppose un équilibre entre les besoins et les disponibilités d’énergie. 

L’intervention Hotel Nomad, de Buchner Bründler Architekten, émerge parmi un groupe d’œuvres qui montrent la difficulté de travailler depuis le secteur des entreprises. À partir d’un bâtiment original très intéressant des années ’50, l’intervention est effectuée en conservant les principales valeurs du bien, en récupérant les aspects cachés et en incorporant les éléments nécessaires. Bien que le résultat puisse sembler être le fruit d’une nouvelle création, le travail a été réalisé en utilisant les mêmes attributs que l’œuvre originale en termes de matériaux, espaces et lumière. 

De son côté, le Stade olympique d’Helsinki, de k2s architects et Arkkitehdit NRT, à travers la récupération architecturale, est également parvenu à récupérer un symbole de la mémoire collective du pays. Grâce à une solution d’une rigueur technique et d’une architecture simple d’agrandissement subordonnée à l’ensemble, les responsables du projet ont su consolider les meilleures valeurs que le processus historique du bâtiment a intégré au fil du temps, aussi bien les valeurs originales que toutes les phases historiques. 

BIC Monastery of San Pedro de Eslonza, de Rodríguez Valbuena Arquitectos, affiche un éclat particulier au sein des œuvres qui interviennent sur le patrimoine archéologique. À travers des interventions très contrôlées et minimales, le projet permet de récupérer la lecture historique des ruines d’un monastère. Le travail de la base permet de renforcer les espaces, et l’incorporation d’éléments structuraux d’étayage donne plus de vie aux ruines. Par ailleurs, les auteurs sont parvenus à laisser le processus ouvert et à indiquer la voie des phases futures de manière précise et intelligente. 

Dans le cas du Musée Royal des Beaux-Arts (KMSKA) de la ville d’Anvers, Belgique, du bureau KAAN Architecten, l’intervention est le fruit de la décision de valoriser d’une part que la complexité et la grande échelle n’ont pas été un obstacle à la résolution de sa modernisation de manière unitaire et respectueuse ; et d’autre part que le besoin d’insertion de nouveaux volumes n’a pas altéré les perceptions extérieure et intérieure du musée grâce à l’adaptation et à la prise en compte des nouveaux besoins. Par ailleurs, bien que le projet redéfinisse la totalité du musée, la perception et l’authenticité du bâtiment ne se voient pas altérées malgré les contrastes entre les différentes zones. De fait, certaines d’entre elles affichent un respect maximal des éléments existants, tandis que d’autres sont caractérisées par des interventions qui cohabitent harmonieusement avec les éléments en place. 

Pour la Catégorie B (Espaces extérieurs), sur base des avis émis par les différents membres du jury, les finalistes sont les cinq œuvres suivantes :
 
Le jury tient à souligner que la sélection des finalistes et du projet lauréat parmi les 10 œuvres sélectionnées s’est basée sur les critères suivants : le respect des éléments préexistants en place sur le site de l’intervention, le choix des matériaux en fonction des lieux, la précision de la définition du projet, et la capacité d’intégrer l’usage social à la solution donnée.

Pour la Catégorie C (Planification Urbanistique), les travaux finalistes sont les suivants :
  • 005C_Urban Development Planning favours Heritage (Mairie de Vic)
  • 009_Nova Esquerra de l'Eixample urban landscape study (Sara Bartumeus, Anna Renau, Rosa Escala)
  • 013_Special Urban Plan of the enclosed village Mas de Bondia (Territoris xlm)
  • 014C_Previous Study for the Recovery of Canal de la Infanta and Rec Vell (Eva Jiménez Gómez, Xavier Llobet I Ribeiro, Ferran Sagarra I Trias)

Le jury a distingué ces projets en raison de l’étude très rigoureuse des espaces d’intervention et de la vision très vivante et sociale de la planification. Une vision croisée qui se prête beaucoup à la matérialité des alentours. Les propositions finalistes, d’un très haut niveau, comprennent d’une part des interventions qui englobent un travail plus complet comprenant l’étude et les propositions normatives, et d’autre part les projets qui vont plus loin dans l’analyse et l’étude du milieu.

Pour la Catégorie D (Divulgation), los travaux finalistes sont les suivants : 
  • 007D_Two Houses (Verena von Beckerath)
  • 012D_Iberian DOCOMOMO Registers: documentation and dissemination of Modern Movement (Fundación Docomomo Ibérico)
  • 016D_Good practices of volunteering for European cultural Heritage (European Heritage Volunteers)
  • 020D_Industrial Heritage of Tbilisi (MUA)
  • 023_Re-Edificatoria (Adrià Goula)

Le jury souligne qu’il a jugé nécessaire de primer les différentes manières de mettre en valeur le patrimoine, le fait de le préserver de manière innovante, et l’intégration du critère d’atteindre un maximum de public dans le cadre de l’objectif de diffusion. Ainsi, certains aspects du patrimoine vont au-delà de l’architecture en soi et du transfert de ses connaissances. 

LAURÉATS
Après révision et relecture de la sélection des finalistes précités, les lauréats de chacune des quatre catégories du Prix choisis par le jury sont les suivants : 
 
Dans la Catégorie A : l’œuvre gagnante est :
172A. Royal Museum of Fine Arts, KMSKA(KAAN Architecten
 
Pour la Catégorie B, le verdict du jury a penché en faveur de l’œuvre suivante :
047B_Synagogue Square (el fabricante de espheras, Grupo Aranea, Cel-Ras Arquitectura)

Des 5 projets finalistes se démarque notamment l’œuvre Plaza de la Sinagoga de Onda, (Castellón, Espagne), réalisée par El fabricante de espheras, Grupo Aranea et Cel-Ras Arquitectura : une intervention sur le patrimoine archéologique des XI-XIIe siècles classé Bien d’intérêt culturel en 1967. Réalisé dans une enclave très dégradée, le projet a le mérite de mettre en valeur les vestiges retrouvés –anciens palaces arabes, ruines d’une église chrétienne–, qui reflètent l’importance urbaine antérieure du site, et de transformer le lieu en espace de rencontre. Le jury a aussi apprécié la solution proposée car elle intègre les différents niveaux, récupère les anciens murs et crée des espaces d’ombre en jouant avec les lumières générées par la grande structure métallique centrale qui rejoint le niveau supérieur. De son côté, la distribution stratégique des arbres adoucit la matérialité de la construction, créant des zones de séjour agréables, tandis que la sobriété des lignes et des matériaux s’intègre naturellement au sein du contexte urbain. Résultat ? Un site archéologique transformé en espace vivant actuel. 

Pour la Catégorie C, le jury a décidé que le vainqueur est le projet suivant :
009_Nova Esquerra de l'Eixample urban landscape study (Sara Bartumeus, Anna Renau, Rosa Escala)

Le jury a décidé de proclamer vainqueur l’étude de paysage urbain Nova Esquerra de l’Eixample de Barcelona, des architectes Sara Bartumeus, Anna Renau et Rosa Escala, en raison de la sensibilité avec laquelle le projet propose une manière différente d’aborder un espace historique, en mettant en valeur l’absence des bâtiments, la mémoire collective, les relations générées autour de ces vides et les paysages créés, plutôt que les édifices physiques. L’étude fait preuve d’une méthodologie rigoureuse relative à la qualité du paysage urbain de cette partie de la ville, qui allie les valeurs sociales au sens des émergences singulières transformées en condensateurs d’activité, sur un territoire d’un isotropie urbaine évoluée qui accorde une attention particulière à la porosité d’un tissu urbain très compact.

Pour la Catégorie D, le verdict du jury a penché en faveur de l’œuvre suivante : 
007D_Two Houses (Verena von Beckerath)

Le lauréat est Two Houses, de Verena von Beckerath. Ici, le jury a valorisé l’idée de mettre en valeur la manière dont quelques architectes japonais qui ont fait leurs études à la Bauhaus des années ’20 ont transmis leurs connaissances en architecture une fois rentrés au pays, et comment leurs élèves, au XXIe siècle, perçoivent et intègrent l’histoire d’un patrimoine qui va au-delà de l’architecture proprement dite. 
Cette méthodologie mérite donc d’être distinguée en tant qu’exemple de mode de transmission du patrimoine.

Prix spécial Restauration
Parmi tous les projets présentés, la direction du concours a décidé de décerner un Prix spécial Restauration aux interventions qui, d’un point vue technique et méthodologique, se distinguent en raison de leur qualité, de leur précision et de leur respect. 

044A_Casa Batlló (Xavier Villanueva, Ignasi Villanueva, Mireia Bosch et Ana Atance)
065A_Torre de la Iglesia de Santa María Magdalena (Pedro Rodríguez Cantalapiedra)


Au terme d’une analyse minutieuse de toutes les œuvres présentées dans toutes les catégories, cette année, le jury a décidé de décerner ledit prix à deux œuvres qui proposent un endroit accessible et restauré qui respecte l’identité de l’œuvre. 
En premier lieu, l’intervention effectuée à la Casa Batlló par Villanueva, Villanueva, Bosch et Atance, dans la mesure où elle représente une restitution respectueuse, d’une haute qualité technique, qui permet la résurgence d’un projet initial partiellement disparu, et parvient à récupérer une œuvre altérée. Le second projet lauréat est la Tour de l’église de Santa María Magdalena de Matapozuelos (Valladolid), de Pedro Rodríguez Cantalapiedra. Une autre intervention d’un niveau technique très élevé qui permet de découvrir une partie intérieure du bâtiment à travers la possibilité d’accéder à la tour, destinée aussi à un nouvel usage : le plaisir d’une vue imprenable sur les alentours. En définitive, cette œuvre illustre comment les techniques, la rigueur et la méthodologie inhérentes à une restauration sont plus appréciables si le projet permet au public de donner vie au site. 
 
Au terme des délibérations, à 19h30, le présent procès-verbal est lu et approuvé à l’unanimité. Les personnes présentes sont remerciées pour leur assistance et la séance est levée.